Origine et histoire de l'Abbaye
L'ancienne abbaye de Valbonne, autrefois dédiée à Notre-Dame, est une fondation du XIIIe siècle située à Valbonne, dans les Alpes-Maritimes ; l'église est aujourd'hui placée sous l'invocation de saint Blaise. En 1199, des moines de l'ordre de Chalais, venus de l'abbaye de Prads dans le diocèse de Digne, s'établirent à Sartoux, dans le vallon de la Brague, et l'évêque d'Antibes autorisa leur abbé Guillaume à y faire édifier une église ; Guillaume quitta Prads pour diriger cette communauté jusqu'en 1212. L'implantation, inhabituelle pour un ordre souvent montagnard, permettait notamment la transhumance hivernale des troupeaux dans la vallée de la Brague. À partir de 1219, de nombreuses donations enrichirent le patrimoine de l'abbaye, qui accroît ses possessions à Valbonne, Mouans-Sartoux, Gourdon, Caussols, Gréolières, La Napoule, Thorenc, Opio et dans d'autres lieux. En l'absence de document de fondation, l'église paraît avoir été édifiée entre 1199 et 1230 : une donation du 14 juillet 1230 mentionne le grand autel de Notre-Dame, et un acte de 1240 la situe ante ecclesiam Sancte Marie Vallisbone. Dès 1246, l'opposition d'un coseigneur de Sartoux, Vidauban, contraignit l'abbé Pons à vendre des biens, puis à démissionner pour se retirer à Lérins, affaiblissant durablement les revenus de la maison. Les décennies suivantes furent marquées par des difficultés financières et administratives : dilapidation sous l'abbé Jacques, dépôt de l'abbé Maurin en 1285 et administration par le procureur de l'évêque de Grasse, puis tentatives de reprise par l'abbé de Prads et par des moines de Saint-André d'Avignon. En 1297 Bernard Conort offrit l'abbaye à Saint-André d'Avignon, proposition rejetée par l'évêque de Grasse qui réunit l'établissement à la mense capitulaire ; un échange proposé avec l'abbaye de Lérins en 1303 aboutit finalement en 1304. En 1319, l'abbaye de Saint-André installa par la force un prieur jusqu'en 1335 ; la cour pontificale se prononça en 1338 en faveur de l'abbaye avignonnaise, puis un accord intervenu en 1345 fit de Valbonne une dépendance de Lérins. À partir de cette date et jusqu'à sa sécularisation en 1788, Valbonne fut gérée comme un prieuré dépendant de Lérins. Les statuts de 1353 prévoient la résidence de deux moines et d'un prieur, mais les ravages causés au XVe siècle par des bandes armées entraînèrent le retrait de la communauté vers Lérins ; depuis 1456 le prieuré fut uni à l'office d'ouvrier de Lérins. L'église servit de paroissiale au XVIe siècle ; en 1551 le vicaire général de Grasse signala l'état de ruine de la maison claustrale, puis des réparations furent ordonnées en 1617. Après une visite épiscopale du 28 octobre 1669, Mgr Louis de Bernage constata que l'église était en bon état, ce qui suggère des travaux importants aux XVIIe ou XVIIIe siècles ; une chapelle des Pénitents fut ajoutée contre le flanc nord au XVIIIe siècle. Des interventions au milieu du XIXe siècle modifièrent l'aspect de l'édifice, puis une restauration conduite entre 1969 et 1975, soutenue par le centre culturel de Valbonne dirigé par le docteur Terrel, a permis de consolider l'ensemble. L'abbaye et ses bâtiments conventuels sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 17 décembre 1984. En novembre 2022, la municipalité de Valbonne a lancé un appel aux dons pour une vaste opération de réhabilitation visant à restaurer et réaménager l'ensemble, à reconstruire les jardins et à réintégrer l'édifice dans son site naturel, en respectant autant que possible les dispositions médiévales initiales. L'église abbatiale romane du XIIIe siècle, devenue église paroissiale lors de l'urbanisation du village, illustre l'art chalaisien, proche de l'art primitif cistercien ; le clocher actuel a été ajouté au XIXe siècle. Les bâtiments conventuels, dont la restauration, amorcée en 1970, se poursuit, conservent de belles salles, dont l'ancien dortoir des moines ; ils accueillent le musée "Le Vieux Valbonne", qui présente objets, ustensiles et outils de la vie rurale et retrace l'histoire du village et de l'ordre de Chalais. La salle Saint-Esprit, attenante à l'église, reçoit régulièrement des expositions, et plusieurs chapelles et oratoires disséminés dans le village et la campagne complètent l'ensemble du patrimoine religieux.
